La politique d’immigration au Japon
La Revue Pays "Repère J@pon" de notre Mission économique (ME) publie dans son numéro de juin 2006 un article de monsieur Jules IRRMANN très intéressant sur l’évolution en cours de la politique d’immigration du Japon.
Si le pays vous intéresse, visitez le site de cette Mission économique (sur le portail du MINEFI) et abonnez-vous à cette revue (gratuite). Si vous souhaitez pour l’instant ne lire que cet article, le voici (je le retirerai bien entendu si l’auteur ou la ME me demandait de le faire).
« Les conditions très strictes d’entrée et de séjour sur le territoire japonais ont pour corollaire une faible présence étrangère au Japon.
La loi sur le contrôle de l’immigration et les réfugiés (1951) prévoit quatorze statuts de résidents attribués en fonction de l’activité exercée. Il s’agit en général d’activités nécessitant un certain niveau de diplômes et une qualification spécifique : professeur, artiste, religieux, journaliste, investisseur, juriste, profession médicale, chercheur, enseignant, ingénieur, technicien autre que scientifique (designer par exemple) ou en lien avec une activité internationale (interprète par exemple), expatriés des sociétés étrangères, personne travaillant dans l’industrie des loisirs, travailleur qualifié. Outre des critères de qualification fixés
par décret, l’intéressé doit avoir une promesse d’embauche au Japon lui garantissant un salaire supérieur à la moyenne des salaires perçus par le personnel japonais. Il n’existe pas de quotas par secteur.
Un autre moyen de rentrer sur le territoire est d’opter pour un statut d’étudiant ou de stagiaire, qui ne donne pas le droit de travailler1. Les conjoints et enfants de personnes bénéficiant de l’un de ces statuts ne peuvent pas travailler non plus. Ces statuts donnent droit à un séjour d’une durée maximum de trois ans. Au terme de ce délai, les étrangers sont réputés rentrer dans leur pays. Ils peuvent également demander le renouvellement de leur visa, ou déposer une demande auprès du ministère de la Justice, afin d’obtenir le statut de « résident permanent ». Ce statut est accordé au vu du « bon comportement » du demandeur qui doit également disposer « d’actifs ou de capacités lui permettant de mener une vie indépendante au Japon ». Enfin, la présence du demandeur sur le territoire japonais doit représenter « un intérêt pour le Japon ».
Parmi les 1.973.747 étrangers vivant au Japon à la fin de 2004, 10% bénéficient d’un statut de travailleurs dans l’une des quatorze catégories mentionnées, 18% sont étudiants ou stagiaires et 40% sont des résidents permanents. En termes de provenance géographique, la zone asiatique est largement représentée. Il s’agit d’une immigration économique mais aussi en vue de la poursuite d’études universitaires, en provenance de Corée (annexée par le Japon de 1910 à 1945), de Chine et des Philippines. Les ressortissants péruviens et brésiliens sont des descendants de Japonais partis en Amérique latine au début du siècle dans le cadre d’un programme d’émigration encouragé par le gouvernement.
Le vieillissement de la population et la réduction du nombre des actifs pourraient amener le Japon à ouvrir ses frontières de manière très ciblée.
Le Japon compte d’abord sur une plus grande participation des femmes et surtout des personnes âgées pour pallier la diminution de sa population active. Pour autant, dans un document intitulé « Strategy in the globalizing economy », le Conseil de politique économique et budgétaire dans lequel siège les principaux ministres du gouvernement, indique qu’il pourrait être nécessaire de recourir à des ressources humaines provenant d’autres pays. Cette ouverture concernerait notamment les « ressources hautement qualifiées » comme des chercheurs, mais également des personnes employées dans le secteur des services et notamment le secteur de la santé et des soins.
Cette orientation devrait donner lieu à un assouplissement des règles de séjour : la durée maximale des visas pourrait ainsi être étendue à 5 ans pour les chercheurs et les ingénieurs travaillant dans le domaine des technologies de l’information. Le regroupement familial serait rendu possible pour ces personnes. Enfin, la possibilité de demander un statut de résident serait étendue aux étudiants étrangers désireux de fonder une entreprise au Japon.
Les pouvoirs publics ont mis en place en 2002 des « zones spéciales de réforme » dans lesquelles est rendue possible, en lien avec les autorités locales, un aménagement de la réglementation applicable au séjour des étrangers. Dans ce cadre, des expérimentations ont déjà eu lieu, notamment des extensions de durée de séjour. Pourtant, les interlocuteurs rencontrés au ministère de la justice indiquent que cette politique n’est pas toujours efficace : lorsque les personnes sont vraiment très hautement qualifiées, la compétition internationale est forte et les personnes ne restent en général que quelques mois au Japon.
Dans un contexte de vieillissement de la population dans l’Archipel, le gouvernement japonais et le gouvernement des Philippines sont parvenus en 2004 à un accord de principe afin que les infirmiers et personnels de soins philippins puissent travailler au Japon. Cette disposition, est incluse dans l’accord de partenariat économique (EPA) qui est en cours de signature et devrait être ratifié dans l’année. Il reste que ces ressortissants philippins seront sélectionnés et devront répondre à de strictes conditions, notamment de formation professionnelle (la question de l’équivalence des diplômes est très importante pour la partie japonaise) et de langue. »
Amitiés...