Une enquête québecqoise tente d'approcher la question...
Si je vous la propose aujourd'hui, c'est pour vous permettre, si vous le souhaitez et si vous en avez le temps, de vous interroger sur les réponses que vous-mêmes et/ou les nationaux de votre pays d'accueil auraient, selon vous, apportées aux mêmes questions.
J'emprunte à "LeDevoir.com", que vous pouvez lire ici :
http://www.ledevoir.com/2007/11/13/164259.html
l'article qu'il consacre à cette interrogation sous la plume de Fabien DEGLISE. Je m'engage bien entendu à le retirer si cela posait problème.
Le voici :
"Heureux malgré tout. Une très grande majorité des Québécois (88 %, pour être précis) semblent faire chaque jour le pari du bonheur. Mais cette quête du bien-être personnel et collectif n'en demeure pas moins fragilisée par les inégalités sociales, le manque d'écoute des politiciens, la mauvaise gestion du gouvernement, un système de santé déficient, mais aussi par une certaine perte de confiance dans les dirigeants d'entreprises et dans les mouvements institutionnels, indique un sondage réalisé par Léger Marketing pour le compte de l'Institut du nouveau monde (INM), un groupe de réflexion et d'analyse de la société québécoise.
Lancé au début de cette année, par l'entremise d'Internet, dans un bassin de 2006 personnes, le coup de sonde dresse, avec une marge d'erreur de 2,1 % 19 fois sur 20, le portrait du bonheur au Québec et recense aussi les facteurs qui contribuent à son épanouissement. L'ensemble de ces données inédites, qui ont été transmises au Devoir, sera publié dans l'édition 2008 de L'Annuaire du Québec (Fides), lancé demain.
Dans les grandes lignes, près d'un quart des Québécois se disent aujourd'hui «très» heureux, révèle le sondage, alors que 62 % jugent qu'il le sont «plutôt». À l'inverse, 10 % de la population estime être finalement malheureuse. Et, en se posant la question sur leur bien-être, 2 % n'ont toujours pas trouvé de réponse.
«Les Québécois sont heureux pour vrai, résume Michel Venne, directeur général de l'INM. Mais ce sondage indique qu'ils pourraient l'être davantage ou l'être de manière plus égalitaire, mais également qu'ils sont très critiques»... à l'endroit des freins à leur bonheur, personnel ou collectif.
La preuve: sans surprise, «l'accès à des soins de santé de qualité» arrive en tête dans les critères de définition du bien-être des Québécois. La protection des enfants, un système de justice qui protège adéquatement les citoyens, des dirigeants politiques honnêtes, l'accès à l'éducation et à la culture ainsi que des soins adéquats pour les aînés, suivent.
Or la société ne semble pas toujours être en mesure de répondre à ces besoins jugés essentiels dans l'équation du bonheur, ont indiqué les personnes sondées. Elles jugent en effet sévèrement, avec une note de passage (5 sur 10), sans plus, la capacité du Québec à livrer un «accès à des soins de santé de qualité.» Ses aptitudes à offrir des ressources communautaires suffisantes (4,95) et un système judiciaire juste (4,92), à prévenir les problèmes sociaux et de santé publique (4,91) sont aussi sévèrement évaluées. Tout comme d'ailleurs l'honnêteté des dirigeants d'entreprises (4,45), la redistribution de la richesse (4,36), l'équité fiscale (4,12) et l'écoute des politiciens (3,79).
L'argent ne fait pas le bonheur, quoique...
Autre constat: dans l'ensemble, les Québécois ne semblent pas accorder, en théorie, une place prédominante à l'argent dans la définition du bien-être personnel qu'ils se font. Cette donnée arrive en effet en 14e place, loin derrière une bonne santé -- en tête de liste avec une moyenne de 9,53/10 --, une vie de couple réussie, une famille unie, un environnement sain, les enfants ou le sentiment d'avoir le contrôle sur sa vie.
Fait étonnant toutefois, «la situation financière» est paradoxalement considérée par 18 % des répondants comme l'une des causes importantes pouvant avoir un impact négatif sur le bonheur. L'état de santé (19 %) et le stress au travail (11 %) complètent ce trio de tête des freins à la joie de vivre.
Pis, la sécurité financière est également considérée comme le 4e facteur essentiel au bonheur, indique le coup de sonde, derrière l'amour, la famille et la santé. «Il y a effectivement une contradiction apparente, commente Christian Bourque, de Léger Marketing, mais c'est sans doute lié à une petite gêne facile à comprendre dans une société judéo-chrétienne comme la nôtre. On n'ose pas dire que l'argent fait le bonheur, mais on n'a pas peur d'affirmer que si l'on en manque, on peut être malheureux.»
Un bonheur individuel
Dans l'ensemble, les données de ce sondage livrent aussi un portrait très individualiste du bonheur tel que vécu et exprimé au Québec. «C'est effectivement un sentiment étroitement lié à l'individu plutôt qu'à la collectivité, poursuit M. Bourque. Le bien-être s'affirme davantage par l'individu, sa famille immédiate, sa maison que par la spiritualité ou l'implication dans la communauté. Mais ce n'est pas étonnant. Nous sommes des Nord-Américains après tout!»
Soucieux de la qualité des relations avec leurs enfants et leur famille, les répondants ont indiqué cultiver en effet le bonheur principalement avec les leurs (84 %) et un peu moins dans des associations (14 %) ou avec des collègues de travail (5 %). Par ailleurs, ils ont aussi affirmé faire surtout confiance en leurs proches (en accordant une note de 9 sur 10 à cette affirmation) qu'à leur voisin (6 sur 10), qu'aux gens d'une autre nationalité (5,6 sur 10) ou d'une autre religion (5,4 sur 10).
Individualistes, certes, les Québécois, qui estiment à 55 % vivre dans une société qui facilite l'atteinte du bonheur, n'en demeurent pas moins préoccupés par le sort de ceux qui les entourent, et vont même, dans une proportion de 58 %, jusqu'à déplorer que tous, dans la société d'aujourd'hui, n'aient pas les mêmes chances d'accéder au bien-être. Mais ils estiment aussi que les difficultés que l'on rencontre dans sa vie, en ce qui a trait au bien-être, sont davantage induites par soi (53 %) que par le gouvernement (23 %), la société en général (13 %), l'employeur (6 %) ou le conjoint (5 %).
Un bonheur dépolitisé
Si le bonheur réside principalement dans la santé et la famille, il ne semble pas vouloir passer, pour les Québécois, par la politique, sous toutes ses formes. En effet, les syndicats (avec une confiance de 4,28 sur 10), les dirigeants politiques (4,32), les dirigeants du milieu des affaires (4,48) et les groupes de pression (5,51) semblent les moins enclins à assurer et à protéger le bien-être collectif du Québec, révèle cette prise de pouls de l'opinion publique.
À l'inverse, les principaux gardiens du bonheur sont surtout perçus comme étant les individus (8,28 sur 10), les chercheurs et scientifiques (6,78) ou les organismes communautaires (6,67), non partisans, bien entendu. «Cela marque un détachement face aux questions politiques, dit M. Bourque, mais aussi une confiance accrue dans une certaine objectivité.»
Or, cette objectivité ne semble plus vraiment être trouvée dans les médias qui côtoient, avec une confiance de 5,29 sur 10, les politiciens et syndicalistes en bas de la liste des groupes de la société les plus aptes à assurer le bonheur du Québec. «Il y a quelque chose qui cloche, dit Michel Venne. En fait, l'ensemble des institutions et des mouvements institutionnalisés n'ont pas la cote. Cela devrait les inciter à se remettre en question.»
Selon lui, cette crise de confiance pourrait d'ailleurs s'expliquer par l'omniprésence des opinions, de la culture de l'image et des émotions dans l'espace public. Médias, politiciens et groupes de pression tireraient ensemble sur ces cordes. «Se pourrait-il que les gens commencent à en avoir soupé de cet étalage d'émotions, d'opinions (souvent gratuites ou orientées par des intérêts) et soient à la recherche de faits», demande-t-il?
La question est posée. Elle devrait aussi tenir occupé l'INM qui, avec son «Projet bonheur», amorcé il y a plusieurs mois, cherche à mettre au jour les leviers du bonheur et du malheur au Québec afin d'agir dessus pour améliorer le bien-être collectif. Cette quête vise à cerner des indicateurs différents du produit intérieur brut (PIB) pour mesurer le progrès d'une société."
Bien à vous.