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CREATRICES ET CREATEURS D'ENTREPRISES A L'ETRANGER

586 - Economie mondiale, un vrai débat de société

11 Septembre 2007, 22:00pm

Publié par gerardja

C'est Jérôme Guillet, "X", banquier, qui le pose en termes nouveaux dans la page "Débats" du Monde daté de mardi dernier...

Il pose de vraies questions qu'il éclaire par quelques chiffres rarement proposés à notre analyse. Quelques exemples...

1) Les revenus des américains les plus riches (1 pour 1.000) représentaient il y a 20 ans 2 % des revenus US totaux. Aujourd'hui : 7 %. C'est dire que la croissance américaine a été totalement captée par les premiers, les revenus médians étant stagnants.

2) Pendant le même temps, le PIB par tête en France est passé de 78 % de celui des américains à 72 %. Ce que l'on peut traduire par : 99,9 % des Français - les moins riches -, ont connu la même croissance que les américains.

3) Ce même phénomène se traduit par un accroissement des inégalités important aux USA mais aussi dans d'autres pays. Illustration : taux de pauvreté infantile en France = 7 %, en G-B = 16 % (deux fois plus qu'en 1979), aux USA = 20 %.

Il en déduit que seuls les riches bénéficient des "réformes" des dernières décennies.

Si l'on objecte que, quand même, le taux de chômage est beaucoup plus élevé en France, il nous soumet de nouveaux chiffres.

4) Chômage des 25-54 ans : 7,4 % en France contre seulement 4,4 % aux USA en 2004, certes. Mais, curieusement, les mêmes sources indiquent des taux d'emploi qui pour la même catégorie de... 87,6 % en France contre 87,3 aux USA. Cherchons l'erreur... : les définitions du chômage et de l'emploi ou de l'inactivité ne sont pas les mêmes. Pour les jeunes de 15-24 ans, un écart existe : 8,4 % pour la France et seulement (!) 7,6 aux USA. Explication : dans cette classe d'âge, nombre d'étudiants américains travaillent pour financer leurs coûteuses études. Nettement plus qu'en France. Et 15 % des américains n'ont aucune protection sociale !

Si on lui fait observer que les Français travaillent moins que... là, c'est encore plus étrange : 37,4 heures par semaines pour les Français et... 35,6 en G-B (dommage qu'il ne donne pas le chiffre pour les USA). Cette moyenne tient compte d'un % d'emplois à temps partiel beaucoup plus élevé en G-B. 

Sur ce terrain de l'emploi, notre économiste note qu'au cours des 10 dernières années, la France et la G-B ont toutes deux créé 2,5 millions d'emplois. Il y a quand même deux différences importantes. Pour l'essentiel, ces emplois, en France, ont été créés entre 1997 et 2002 (notamment dans le pricé et pendant la mise en place des 35 h !) alors que pour la G-B il s'est agi d'un flux plus régulier... et, depuis 5 années, quasi exclusivement dans le 
public, tout en augmentant les impôts !

Il note encore que les croissances anglaise et américaine reposent principalement sur l'augmentation de la dépense publique, passée de 38 à 45 % du PIB sous Blair et de 34 à 37 % sous Bush !

Tout en disant que, certes, il y a bien des choses à changer en France, celle-ci n'a pas besoin d'une "réforme" au sens que ce mot prend aujourd'hui de = "faire baisser les revenus des travailleurs les plus modestes afin de réduire le fardeau qui pèse que quelques
happy few en haut de l'échelle des revenus", il conclut en soutenant le modèle social français qui permet "d'assurer la prospérité de presque tous en décourageant la concentration de la richesse entre quelques mains..."

Il y a certainement d'autres façons que celles françaises de trouver un juste équilibre entre "liberté d'entreprendre" et "croissance, éducation et protections sociales pour tous", mais le débat mérite vraiment d'être posé de savoir dans quelle type de société on veut vivre. 

A demain.

PS : l'enquête du Monde du même jour porte sur la carrière exceptionnelle de Mme Behan Kumari Mayawati, qui dirige le grand Etat indien de l'Uttar Pradesh en défendant l'intégration des "intouchables" (dont elle est elle-même issue) à la société indienne en plein développement. Parmi les moyens qu'elle a mis en place pour que se rapprochent des communautés castées souvent opposées, je relève celle des "comités de fraternité" qui connaîtraient un succès grandissant. Un exemple à méditer dans nombre de pays troublés : Congo(s), Rwanda, Côte d'ivoire pour ne citer qu'eux.

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