Les derniers chiffres sont mauvais, très mauvais...
L'économie n'est certes pas une science exacte. Mais confondre "action psychologie" et "politique économie" ne peut conduire aux résultats annoncés.
C'est ce qui vient de se passer en France avec des résultats au second trimestre de moitié par rapport aux chiffres escomptés. Et cette annonce de l'INSEE ne manquera pas d'avoir un impact psychologique négatif pour les mois à venir.
Avec 0,3 % seulement de croissance du PIB au deuxième trimestre 2007 contre 0,5 % attendus par l'INSEE et 0,6 % par le gouvernement, ce n'est pas seulement le résultat proclamé pour l'année 2007 qui est plus que compromis, mais aussi les bases sur lesquelles le projet de budget français pour 2008 est établi.
Le journal "Les Echos" développe ces chiffres à cette page :
http://www.lesechos.fr/info/france/300194855.htm
Il est plus que temps qu'une saine analyse de notre économie soit faite et qu'un véritable plan de redressement soit conçu et mis en oeuvre.
Vous pouvez également lire la dépêche AFP sur ce sujet ici :
http://fr.biz.yahoo.com/14082007/202/croissance-francaise-decevante-au-2e-trimestre-la-tache-du-gouvernement.html
Pendant ce temps, quels sont les commentaires de notre Secrétaire d'Etat aux PME et au Commerce extérieur ? Les voici tels que publiés dans "Le Monde" du 15 août :
"Voilà vingt-cinq ans que nous commentons le solde de notre commerce extérieur comme si notre monnaie en dépendait encore, comme si la réalité du commerce mondial était encore celle des années 1980, comme si nos entreprises vivaient toujours leur relation au monde à travers leurs seules exportations et importations.
Si cet indicateur reste important, il n'apporte plus aujourd'hui qu'une information partielle sur la compétitivité de nos entreprises et de l'économie française. Certains peuvent vouloir se complaire dans la nostalgie des soubresauts politiques que pouvait générer à une époque révolue la sortie mensuelle du chiffre du commerce extérieur. Mais, ce qui importe aujourd'hui, c'est l'enjeu de notre compétitivité pour nos entreprises, face aux marchés émergents, mais aussi face à notre grand compétiteur qu'est l'Allemagne.
Comment nier en effet que le passage à l'euro a réduit à peu de chose la fameuse "contrainte extérieure", qui faisait trembler gouvernements et banquiers centraux ! D'un autre côté, l'entrée dans l'ère de l'énergie chère fait aussi que notre facture énergétique a quintuplé depuis 1998 pour tutoyer les 50 milliards d'euros : à l'avenir, elle ne devrait plus se replier que modestement, pesant ainsi durablement sur notre balance commerciale.
Autre réalité nouvelle, l'émergence de pays continents comme la Chine, absente des hit-parades de l'exportation il y a encore peu de temps, aujourd'hui 3e exportateur mondial. Elle devrait, selon toute probabilité, être le premier d'ici deux à trois ans au plus tard, comprimant mécaniquement les parts de marché des pays industrialisés ! Difficile dans ces conditions, on en conviendra, de comparer à vingt-cinq ans de distance, mais même à dix ans, un niveau de déficit ou une part de marché.
Comment ne pas voir ensuite que nos entreprises ne vivent plus seulement leur internationalisation par passage en douane interposé. Aujourd'hui, le chiffre d'affaires de leurs filiales à l'étranger dépasse largement, de 50 % environ, leurs exportations depuis la France ! Et nos grandes entreprises sont d'ailleurs parmi les plus actives dans ce domaine, ce dont il faut se réjouir. Elles investissent largement dans les marchés les plus porteurs pour être plus près de l'acheteur final. Elles entretiennent pour cela à l'étranger un réseau de plus de 30 000 établissements employant quelque 5,5 millions de personnes ! C'est un des atouts de notre économie que l'on connaît trop mal, car hors du champ de la statistique classique.
Enfin, comment oublier que l'échange de biens, retracé par le chiffre du commerce extérieur, ne représente plus, et de loin, l'essentiel des échanges qui prennent place aujourd'hui entre les pays. Notre pays se classe pourtant parmi les quatre premiers exportateurs mondiaux de services, grâce à notre première place en matière d'accueil de touristes étrangers, qui nous rapporte plus de 35 milliards d'euros.
On le voit bien, le chiffre du commerce extérieur, pour intéressant qu'il soit, doit être lu différemment aujourd'hui d'hier, mais il doit aussi être complété d'indicateurs qui permettent d'apprécier les conditions de compétitivité de nos entreprises et de notre économie.
L'élément le plus significatif est la tendance à la perte de parts de marché que l'on observe depuis plusieurs années pour la France, alors que l'Allemagne a su se placer au premier rang des exportateurs mondiaux. C'est bien ce pays qui doit être l'étalon de nos performances. Qu'est-ce qui nous sépare de l'Allemagne aujourd'hui dans ce domaine ? Peu de chose conjoncturellement, mais quatre grandes caractéristiques structurelles.
En premier lieu, un tissu d'entreprises françaises de taille inférieure à celles d'Allemagne, alors qu'il existe un lien direct entre taille des entreprises et propension à exporter. L'Allemagne compte deux fois plus d'entreprises moyennes. Ce facteur est renforcé par le fait que, même à taille égale, nos PME exportent moins que leurs homologues allemandes.
En second lieu, un effort de recherche & développement privé plus faible en France, alors que l'on sait que l'innovation est aussi synonyme de plus d'exportations. En troisième lieu, une spécialisation géographique des exportations, qui s'est favorablement orientée vers les pays dynamiques, incitée et soutenue en cela par le plan "Cap export", mis en place en 2005 par Christine Lagarde, mais qui reste insuffisante vers les nouveaux Etats membres ou encore vers la Chine.
Enfin une compétitivité-coût par rapport à l'Allemagne qui se dégrade continûment depuis dix ans, du fait notamment d'une extrême modération salariale outre-Rhin dans les cinq dernières années, à laquelle les entreprises françaises n'ont pu répondre qu'en contractant fortement leurs marges afin de demeurer compétitives en termes de prix.
Il n'y aura pas de redressement durable de notre compétitivité et donc de notre commerce extérieur sans réponse apportée à ces quatre facteurs. Toute mon action consistera : à nous rapprocher des performances de notre voisin, meilleur exportateur mondial aujourd'hui, et à renforcer la compétitivité de nos entreprises, via la simplification, l'innovation, la fiscalité, le financement, mais aussi bien sûr via des dispositifs d'appui à l'export renforcés.
En regroupant pour la première fois dans un même département ministériel entreprises et commerce extérieur, nous avons l'opportunité extraordinaire de pouvoir agir sur l'environnement de nos entreprises, face au défi du marché mondial."
De l'action psychologique... pas d'économie... Hélas.
A demain...